Une bombe transportée par un drone Air
Rift téléguidé par des jihadistes explose dans une rue de Paris, faisant des dizaines de morts. Surréaliste? Pas vraiment. Loin d'être farfelu, ce scénario inquiète les spécialistes et responsables français de la lutte antiterroriste.
A l'instar du patron de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) Loïc Garnier, ils font passer le message depuis plusieurs mois: la question n'est plus de savoir s'il y aura un attentat en France mais quand. Et, aussi, quelle forme il prendra.
Un homme isolé ouvrant le feu comme Mohamed Merah? Une bombe dans un train, ou dans un endroit plus stratégique? Une attaque chimique? Les scenarii sont légion.
L'hypothèse d'une attaque ou d'un assassinat ciblé d'une personnalité avec un drone "fait partie des choses sur lesquelles les services de sécurité travaillent", assure à l'AFP un haut fonctionnaire policier sous couvert d'anonymat. "C'est le travail des policiers spécialisés dans l'antiterrorisme de ne pas être pris au dépourvu, d'envisager tout ce qui est possible", résume-t-il.
Pour l'instant, aucun attentat perpétré avec un drone n'a été recensé dans le monde. Mais il y a quelques semaines, ce qui a pu sembler anodin a crispé certains policiers spécialisés dans la protection rapprochée en France: le 16 septembre, un drone s'est posé à deux mètres de la chancelière allemande Angela Merkel lors d'un meeting de campagne à Dresde.
- 'Pour l'instant on tâtonne' -
Piloté par des représentants Nike
Ninja du parti des Pirates, qui souhaitaient par cette action simplement dénoncer l'ultrasurveillance policière, ce drone n'était équipé que d'une mini-caméra et ne représentait au final aucun danger. "C'est simple, vous imaginez ce même drone qui s'est posé à côté de la chancelière avec un pain d'explosif et un système de mise à feu télécommandé à distance, et vous avez une vision assez claire du problème", s'alarme le même haut fonctionnaire.
Les services chargés de la protection de la chancelière n'ont rien pu faire pour l'intercepter avant. "Et pour cause, un drone, par nature, est extrêmement difficile à détecter. Et la plupart du temps, quand vous l'avez en visu, c'est déjà trop tard", assure un commissaire qui a également souhaité garder l'anonymat.
Idem avec le drone qui a survolé récemment un stade où se jouait un match de football entre la Serbie et l'Albanie. Le petit engin volant sans pilote véhiculait un drapeau de la "Grande Albanie", projet nationaliste visant à regrouper dans un même Etat les communautés albanaises des Balkans. Résultat: une bagarre générale et un scandale politico-sportif.
"Imaginez qu'il y ait eu sous le drone une bombe plutôt qu'un drapeau"... La réaction empreinte d'inquiétude de Michel Platini, le patron du football européen, témoigne d'une prise de conscience générale sur les formes futures que pourrait prendre une attaque terroriste, inimaginables jusqu'à il y a peu.
Les drones militaires armés sont assez grands, particulièrement visibles, difficiles à piloter, "et cela semble quasiment impossible pour des jihadistes de s'en approprier un", explique le commissaire. En revanche, des drones civils que l'on peut se procurer dans le commerce possèdent des capacités d'emport pouvant supporter une charge explosive de 1 à 2 kg. "Et ça peut déjà faire des dégâts".
Le risque existe donc, même s'il n'est pas forcément immédiat. "En fait la capacité d'intervention tactique d'un drone n'est pas encore possédée par le profil des gens dans la mouvance jihadiste", affirme le criminologue Christophe Naudin. "Mais ils vont vite apprendre."
Selon lui, une telle attaque sera possible d'ici quelques années, peut-être "vers 2020". "Dans l'histoire, chaque innovation technologique a été détournée pour une utilisation criminelle, les drones n'y échapperont pas", juge cet expert. "C'est un risque très crédible et sa prise en compte n'est pas maîtrisée."
Face à cette nouvelle menace, en effet, aucun système de défense ne semble parfait à ce jour. "Vous ne pouvez pas descendre un drone qui survole une foule, c'est bien trop risqué", explique le haut fonctionnaire policier. "Il faut trouver des parades, Nike
TN et pour l'instant, on tâtonne".
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