vendredi 5 juin 2015

De l’idéologue contesté du précédent quinquennat

Ces rendez-vous, Nicolas Sarkozy n'en fait pas étalage - il voit Buisson parmi d'autres, insiste une proche. Patrick Buisson, lui, s'en prévaut. Faon de contenir l'hostilité déclarée, depuis mai2012, des humanistes et gaullistes de l'UMP. Et de ménager ses entrées. Ni les sarkozystes historiques ni les durs de l'UMP ne se désintéressent tout à fait de qui a l'oreille de l'ex-leader de la droite. De l'idéologue contesté du précédent quinquennat, l'ancien ministre de l'Identité nationale Brice Hortefeux dit partager les idées sur la nécessité du régalien, même s'il le connat peu. Le président de l'UMP, Jean-Franois Copé, admet le rencontrer, mais de loin en loin. Son entourage plus fréquemment. Quitte à relativiser : Buisson consulte et écoute beaucoup de monde, autant et sans doute plus encore qu'il n'est consulté. Les anciens ministres Laurent Wauquiez ou Xavier Bertrand sont de ses interlocuteurs occasionnels mais les occasions se font rares. Avec Guillaume Peltier, rencontré à l'Elysée en2011, l'affinité reste forte : Buisson est fulgurant, son originalité, c'est qu'il a une pensée cohérente dont découlent des propositions cohérentes, confie le chef de file d'une Droite forte - d'inspiration très buissonienne - dont la motion a recueilli le meilleur score auprès des militants lors du dernier congrès de l'UMP. Mais même le fils spirituel marque la distance : Je ne me sens fils de personne. Je refuse toute idéologie. Je crois au réalisme et au pragmatisme. EDF et Pasolini A Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson recommande la tempérance médiatique, lui qui a poussé à la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale en2007, et à l'apologie des frontières en2012. Un credo dont la sombre figure du précédent quinquennat s'affranchit désormais pour défendre une vision doctrinale partagée, tissée de pragmatisme électoral. Notamment vis-à-vis du FN. Ainsi, quand Franois Fillon réduit la ligne de partage entre socialistes et frontistes au sectarisme de leur représentant. Tel clin d'il à l'extrême droite n'est pourtant pas pour l'effrayer : en comité très privé, Buisson a lui même par le passé estimé un pacte inéluctable, confie un intime. Mais pasquestion de cautionner une embardée propre à semer le trouble dans l'esprit des électeurs conservateurs. Lastratégie que j'ai défendue auprès de Nicolas Sarkozy n'a jamais consisté à faire alliance ou à voter pourle Frontnational, n'en déplaise à mes détracteurs, s'insurge-t-il auprès de Libération. Nicolas Sarkozy n'ajamais appelé à faire cela. Sa ligne, comme la mienne, c'était le ni-ni. Et a le reste. Un ancien de l'Elysée quiapprécie peu l'éminence grise confirme : Pour Buisson, l'UMP et le FN sont en concurrence, et les alliances impensables. Il n'a pas envie de faire de cadeau à Marine LePen. Ce qu'Nike TNil veut, c'est faire de l'UMP un FNbis. Ce sentiment diffus, beaucoup le partagent à l'UMP. Al'instar du chiraquien Franois Baroin pour qui l'influence de ce monsieur d'extrême droite est nocive. Ou de la porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet qui, après la présidentielle, assène :Buisson ne voulait pas faire gagner Sarkozy, il voulait faire gagner Charles Maurras. Bingo. Entre un père ingénieur chez EDF engagé aux Camelots du roi et une mère sensible aux martyrs de l'Algérie franaise et des pays du glacis communiste, Patrick Buisson a grandi dans le culte du matre à penser de l'Action franaise. Il en retient les dogmes : la France souveraine (coloniale et antieuropéenne) ; l'importance de la tradition, de la religion et de la famille comme autant de digues contre l'individualisme postmoderne nike air rift amazon destructeur du lien social. Avec, en point d'orgue, l'idéal monarchique, dont la légitimité ne procédant ni des lobbys ni des pouvoirs de l'argent serait seule à pouvoir incarner le bien commun… Faute de Restauration, journaliste à Minute alors proche de Jean-Marie LePen, il s'est tt approprié une antienne des années30 : unir toutes les droites - UDF, RPR et FN - pour que la droite redevenue majoritaire n'ait plus honte de s'assumer pour ce qu'elle est. Au sein de l'UMP, qui en a vu d'autres, le bagage idéologique du politologue inquiète moins que son puissant pouvoir de conviction. Car Patrick Buisson ne se laisse pas réduire à sa caricature. Esprit alerte et curieux, féru d'histoire de France et de sociologie électorale, il nourrit sa réflexion à des sources éclectiques : Bernanos, Péguy, Saint-Thomas d'Aquin, mais aussi Nike Tn Proudhon, Marx, et Pasolini, communiste dissident italien qui fut l'un des premiers à comprendre que le premier rempart contre le capitalisme, c'était l'Eglise. Insatiable, l'intellectuel se double d'un bretteur aguerri, talent qu'il exprime sur la chane d'information LCI, où il officie de1997 à2007. C'est d'ailleurs en zappant sur son émission Politiquement show que Nicolas Sarkozy le retrouve. Quelques mois plus tard, bluffé par une victoire du non au référendum sur le traité constitutionnel européen que lui a prédite au point près le politologue, le futur candidat à la présidentielle le prend pour conseil. La campagne de rupture de2007, comme les dernières semaines de la suivante, porte son sceau : bardée desymboles régaliens, de France éternelle, avec pourennemis désignés l'immigration, l'insécurité, lereste du monde. Ilvoulait Nike TN mettre des "racines chrétiennes de la France" dans tous les discours, se souvient, exaspéré, un ancien de l'Elysée. Le tout au nom du peuple. CarBuisson en est convaincu : avec la mondialisation, les élites ont trahi les masses laborieuses, hostiles auchangement car incapables de s'y adapter. Lepatriotisme, le protectionnisme, le conservatisme en matière de murs sont les valeurs historiques de la tradition ouvrière, développe-t-il en juin dans un entretien au Monde. L'immigré est peru comme le symbole de la paupérisation qui guette. L'antifascisme pavlovien consiste à ne voir dans l'immigration qu'un problème de xénophobie et de racisme alors qu'elle est au cur de la question sociale. Le 24septembre2007, dans les salons de l'Elysée, Nicolas Sarkozy lui remet la Légion d'honneur sur ces mots : Patrick est celui à qui je dois nike ninja homme 2013 plus qu'à tout autre. Et lui propose bureau et place de choix dans l'organigramme élyséen. Soucieux de son indépendance, Patrick Buisson refuse. Mais pas tout. Fin2007, sur proposition de Laurent Solly, ex-chef de cabinet de Sarkozy à l'Intérieur, alors PDG des chanes thématiques de TF1, il prend la direction de la chane Histoire. En parallèle, Buisson réactive sa société de conseil et d'enquête d'opinion, Publifact, qui devient, pour cinq ans et sans appel d'offres, un des principaux pourvoyeurs desondages du Chateau. A la clé : une recette de3,3millions d'euros, une marge plus que confortable, et un scandale politico-judiciaire. Les barons et le lynchage Si la victoire de l'hyperprésident avait valu consécration symbolique (et financière) au pourvoyeur de sondages de l'Elysée, la défaite doit signer son bannissement, estiment nike air rift india des barons de l'UMP. N'avait-il pas prétendu que Marine Le Pen allait se planter parce qu'elle mettait l'accent sur l'économique et le social, sujets que le conseiller a toujours jugés non déterminants dans le choix des électeurs Oracle, Buisson était courtisé. Faillible, le maurrassien devient infréquentable. Je ne suis pas un personnage public. Je fais des analyses, les prend qui veut, se rebiffe l'intéressé. Le durcissement de la campagne de Sarkozy entre les deux tours, qu'il a inspiré, n'a-t-il pas remobilisé massivement - même si insuffisamment - l'électorat de droite Depuis, Buisson rend les coups, en général et en particulier. A NKM, avec qui la guerre est ouverte, il prédit en juin qu'elle est la meilleure pour perdre à Paris. Aux ex-ministres qui le daubent, Baroin en tête, le politologue rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, ils l'invitaient à leur table et lui réclamaient ses conseils : Je n'ai accepté de travailler pour aucun, nous affirme-t-il. AFranois Fillon aussi, qui oublie un peu vite qu'il luidoit sa reconduction comme Premier ministre : à l'automne2010, alors qu'avec les grèves sur les retraites l'idée d'un remaniement gouvernemental faisait son chemin, le politologue avait, au terme d'une mission d'un mois, conseillé à Nicolas Sarkozy de le conserver à Matignon. Et puisque l'ex-Premier ministre aime tant les inventaires, Buisson s'y colle : Vu ses dernières déclarations, je m'étonne que Franois Fillon ait pu déclarer en mai avoir sur le FN "une différence d'approche irréconciliable" avec Nicolas Sarkozy, en arguant que lui plaait le FN endehors des limites du pacte républicain… Petit rire dans l'écouteur. Au moins, je le remercie de m'avoir repositionné à la gauche du Modem ! Au grand dam de nombreux barons de l'UMP, jamais Nicolas Sarkozy ne participe du lynchage. Et dire que certains ont voulu que je fasse campagne au centre ! balance le perdant du second tour en guise d'avertissement. Mieux, l'ancien chef de l'Etat laisse à voir que Buisson garde sa confiance. L'éminence estime nécessaire d'envoyer un signal aux militants désaronnés par la guerre des chefs à l'UMP Rompant sa réserve, Nicolas Sarkozy accepte que la rédaction de Valeurs actuelles, reue fin février dans son bureau du77,rue de Miromesnil, relate en couverture de son magazine le contenu de leur conversation à batons rompus… Même le premier cercle des amis du Président tombe des nues. Aujourd'hui, selon son ami Michel Field, le sexagénaire brle son énergie dans le pilotage de la chane Histoire et, pour le reste, prend patience dans l'ombre de Sarkozy. Les discordes au sein du parti en attestent, lesuccès du sarkothon le prouve, sa popularité chez lessympathisants UMP le confirme : son champion n'a aucun concurrent à droite. S'il le lui demande, il seraencore à ses ctés. L'exclusive souffre une petite exception : Patrick Buisson a accepté de guider la campagne de l'ancien juge d'instruction Didier Gallot, candidat à la mairie des Sables-d'Olonne, où il a sa résidence secondaire. Quant aux socialistes, parie le politologue, ils paieront cher aux municipales et aux européennes d'avoir abandonné les catégories populaires au profit des classes urbaines dominantes. Pour lui, il sera alors temps d'agir.


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